Dans ce champ de ruines où les hommes s'affrontent, les militaires sont aux premières loges et les monuments aux morts de nos communes témoignent du prix du sang versé pour le pays.
Il y a ceux qui partent pour ne jamais revenir. Il y a aussi ceux qui survivront avec plus ou moins de séquelles physiques et psychologiques. Parmi eux il y a les prisonniers. Si ce nouvel état assure au combattant un peu de répit et une mort violente imminente qui s'éloigne, il n'en demeure pas moins que cette perte de liberté entraîne d'autres traumatismes bien réels.
Pendant les deux conflits mondiaux du siècle dernier, les soldats français envoyés en Allemagne remplacent les allemands mobilisés. Ils sont principalement employés dans les usines, dans l'agriculture, au déblaiement des villes bombardées.
Les conditions de vie dans les camps sont souvent médiocres. Les prisonniers subissent régulièrement des mauvais traitements, la nourriture est insuffisante et de mauvaise qualité.
Les liens avec la famille prennent alors toute leur importance et le moral du prisonnier est lié à l'attente d'une lettre, d'un colis qui recèlera quelques petites merveilles destinées à améliorer le triste ordinaire. Une lettre ou un colis mettaient environ 5 à 6 semaines pour arriver à destination. Parfois les colis étaient endommagés, ouverts et délestés d'une partie de leur contenu, surtout les denrées car les privations étaient aussi présentes chez les allemands soumis à l'effort de guerre.
La lecture des correspondances de prisonniers témoigne de ces moments d’indicible bonheur. Il est étonnant et émouvant de constater que le beurre y tient une place toute particulière et qu'il est un aliment recherché, un petit trésor qui vaut une belle pépite d'or. On peut simplement s'étonner de l'envoi d'un tel aliment si fragile, qui supporte mal la longueur du temps et les variations climatiques.
A titre d'exemple, en 1941, 14 558 000 millions de colis ont été expédiés aux prisonniers. (1)
Les deux documents ci-dessous concernent un militaire prisonnier en 1916 et une épouse qui écrit à son mari en 1941.

3 mai 1916
...un gros merci pour le colis de Pâques et pour le superbe colis recu tantôt, du beurre et des tas de petites conserves, cigarettes, épices, ......
Carte postée de Soltau (située à 100 kms au sud d'Hambourg, Basse-Saxe) qui a été pendant la guerre 14-18 un important lieu de détention. Au plus fort de la guerre ce centre accueillit jusqu'à 25 000 prisonniers belges, russes, français, anglais. Beaucoup y sont morts de maladie et de mauvais traitements.

Chartres le 15 mai 41
Mon chéri, j'ai reçu ta carte du 1er mai. Je fais tout ce que je peux pour t'envoyer ce que tu me demandes.....Je vais à Luisant dimanche, Annie va me donner du beurre pour toi.....(lettre reçue le 8 juin).
Son mari est interné au Stalag XIII qui se trouve en Bavière à 35 kms à l'ouest de la frontière Tchèque. Stalag de mauvaise renommée.
(1) Le progrès de Saône et Loire du 16 décembre 1941.
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